Et oui, cette fois, c’est d’une voyageuse Globe Trotteuse Tunisienne que je vais parler. C’est un membre confirmé de la communauté Couchsurfing en Tunisie, d’ailleurs tout comme Gahaf et Arafet Ben Marzou, de qui j’avais parlé à travers des articles précédents. Wander the World’s Wonder est le nom qu’avait choisi Amira pour son tour du monde, et je vous invite à découvrir cette Globe Trotteuse Tunisienne à travers l’interview qu’elle m’avait accordée.
Qui est cette jeune Globe Trotteuse Tunisienne ?
Amira est une tunisienne qui aime la vie et aime bien la vivre, se sent en sécurité en avion, et sur la route, elle est toute confiante parce que partout dans le monde elle se sent chez elle.
Comment as-tu eu l’idée de faire ce long trip ?
J’en avais toujours rêvé, et c’est grâce à quelques événements et certaines circonstances, que j’ai commencé à vivre ce rêve. Décembre 2009, pendant un voyage je rencontre un jeune couple qui a quitté leurs boulots et décidé de voyager en Amérique latine pendant 6 mois. L’idée m’a impressionné, m’a inspiré et m’a fait prendre conscience que c’était possible de le faire. Ce n’est pas parce qu’on travaille, qu’on est obligé d’attendre la retraite pour voyager et découvrir le monde. Il n’est jamais trop tard, si je n’ai pas pu le faire après le bac ou ma maîtrise, je peux toujours le faire, encore plus maintenant je suis financièrement indépendante.
En 2010, j’ai fait la découverte du couchsurfing, et j’ai rencontré une jeune tunisienne qui était enseignante. Pendant l’année, elle hébergeait des couchsurfers de partout dans le monde, et pendant les vacances d’été, elle part à la découverte de quelque pays pendant 3 mois. A travers le couchsurfing, j’ai su que le voyage prendrait une autre forme, différente du typique séjour à l’hôtel et des visites de musées. C’est une opportunité de vivre chez l’habitant, découvrir le quotidien des gens dans d’autres pays, et en même temps économiser de l’argent sur le prix de l’hébergement.
A travers les groupes de couchsurfing, j’ai aussi découvert beaucoup de personnes qui voyagent tout le temps, et ce qui semble si éloigné devient possible en quelques clics. De là, l’idée de voyager grandit de jour en jour en moi.
En 2011, une entreprise (pas celle où je travaillais), m’a approché pour me demander de travailler chez eux. J’ai pensé qu’entre ces deux contrats, ce serait la meilleure opportunité pour moi de partir en vadrouille pour 4 mois. J’ai commencé les préparatifs : choix des destinations, recherche sur la vie d’un voyageur sur le long terme, budget, contact de personnes sur le site de couchsurfing… tous les détails, du plus insignifiant au plus important.
En 2012, le processus engagé avec la nouvelle boite se prolongeait et prenait plus de temps que prévu. Je n’étais plus aussi contente dans mon travail, et j’ai commencé à me poser des questions sur ce que je voulais réellement faire. Est-ce de trouver un autre boulot ? Ou faire un petit voyage de quelques mois ?
A la fin, j’ai compris que ce que je voulais, c’était de voir autre chose, entendre d’autres musiques, d’autres langues, voir d’autres couleurs, d’autres façons de vivre et vivre autrement.
Le voyage ne consistait plus en des destinations, mais est devenu un voyage à la découverte de moi-même. C’est devenu une nécessité pour moi de me redécouvrir.
En octobre, j’ai fait ma valise et j’ai tout quitté. Je suis partie sans avoir un plan clair, sans destinations exactes et sans même un budget. Je débarque pour 2 mois chez mon frère aux Etats – Unis et je passe les 2 mois à me préparer, à faire des recherches sur ce que je veux vivre pendant ce voyage, plutôt que rechercher quelles était les destinations qui me plaisaient.
En termes de financement, comment peux-tu couvrir tes dépenses ?
Pour le financement, il provient entièrement d’économies personnelles que j’ai faites à travers mes 10 années de travail. Des économies que je pensais un jour investir dans quelque chose de concret. Finalement, je m’en suis servie pour le meilleur investissement de ma vie.
Une autre chose que la majorité des gens ignore, c’est qu’on dépense moins quand on est sur route que quand on reste chez soi. On n’a pas de factures à payer, pas de téléphone, pas de voiture et toutes les taxes qu’on paie en vivant dans un endroit. Dans les pays en Asie par exemple, le coût de la vie s’élève en moyenne à 12$/ jour (nourriture et logement). Je pense qu’à Tunis, 12$ me couvre pour un déjeuner, un café après le boulot, et aussi un petit croissant accompagné d’un chocolat chaud le matin.
Tu n’as pas eu peur de voyager seule ?
Quand on part à l’aventure, on n’a pas vraiment la tête à s’apitoyer sur soi, ni à être submergé par la peur. De plus, sur une partie de mon parcours, je n’ai pas voyagé seule.
A un moment, j’ai voyagé avec 2 autres globe trotteuses tunisiennes que j’ai rencontrées dans mon parcours. J’ai passé des moments mémorables pendant mon séjour au Laos (ainsi que 2 derniers jours au Vietnam), que j’ai partagé avec ces voyageuses tunisiennes. Cependant, je n’ai pas pu passer les frontières terrestres du Laos vers la Thaïlande. C’était la partie du parcours qui m’avait le plus essoufflé pour continuer l’aventure. Mais au lieu de couper mon voyage, me voilà à 8 mois et je bouge encore.
On a prévu Alya et moi de partir au nord de Thaïlande (c’était la dernière semaine de son voyage de 3 mois). A mon entrée en Thaïlande par voie terrestre, on ne me laisse pas entrer, alors qu’Alya a déjà passé la frontière. C’était un dur moment, elle voulait revenir sur ces pas pour rester avec moi jusqu’à ce que je trouve une solution. Je n’étais pas sûr combien de temps ça allait prendre, et c’était un moment très très difficile. Ensuite, j’étais allée à l’ambassade de Thaïlande au Laos, et ils ne voulaient pas me donner un visa. Je n’ai pas pu rejoindre Alya, ni aller en Thaïlande, et il a fallu que je change tout mon programme.
Mais en fin de compte, dans un voyage pareil, on ne doit pas s’attarder à pleurer sur le passé, des décisions doivent être prises tout le temps et à chaque situation, il faut avoir le courage d’affronter la réalité, les côtés négatifs et en faire une force pour continuer et regarder vers l’avant, au lieu de stagner. Il faut juste continuer et des choses plus positives arrivent ensuite (le Soleil après la pluie à ce qu’on dit), et on oublie tous ces moments difficiles. Aujourd’hui, me voilà finalement en Thaïlande.
Pourquoi avoir choisi de commencer par l’Asie du sud ?
J’ai commencé, en fait, par des destinations et des continents sur lesquels je n’ai encore jamais mis les pieds. Ma 1ère destination, Fidji, était un hasard, un retard de 48h m’a fait rater mon vol pour la Nouvelle Calédonie, là où mon meilleur ami vivait.
Ensuite, toutes les autres destinations, c’était des choix par rapport à mon but pour ce voyage: aller dans des endroits complètement différents de ce que je connaissais, et aussi me découvrir face à l’inconnu. Vivre sous une tente, vivre chez les habitants, vivre sur un bateau, dans un sanctuaire, un temple et une tribu.
C’est surtout la vie dans des tribus qui a influencé mes décisions sur les premières destinations. Aujourd’hui, il ne reste pas beaucoup de sociétés dans le monde qui vivent en tribu, et je pense qu’il y en aura de moins en moins. Tout le monde est en train de suivre le modèle américain et le capitalisme est devenu une obligation pour survivre, plutôt qu’un choix librement décidé. Je ne voulais plus tarder à expérimenter cette différence, qui n’existerait peut – être plus demain.
Je trouve aussi bien de voir ces sociétés dans leur état actuel, et de revenir peut – être dans quelques années pour constater les changements dans les mœurs et les coutumes de ces populations et de ces pays. Il est malheureux que beaucoup de cultures se perdent dans le monde.
Quels sont les pays que tu as déjà parcourus?
Pendant ce voyage, j’en ai parcouru 13 pour le moment: Fidji, Nouvelle Calédonie, Nouvelle-Zélande, Australie, Japon, Vietnam, Laos, Myanmar, Papouasie en Nouvelle Guinée, Timor – Leste ou Timor oriental, Indonésie et Singapour.
Aujourd’hui, je peux dire que j’ai été sur tous les continents du monde, mais il reste encore beaucoup à voir. Plus je visite des pays, plus la liste des pays restants à voir me semble encore plus longue et loin d’être achevée. Le monde est merveilleux. Découvrir cette merveille, donne un sens à ma vie.
La meilleure expérience vécue ?
Chez les Koitche de la tribu de Touété, dans l’île des pins en Nouvelle Calédonie, je suis partie sur l’île qui se situe à quelques Km.
Une des choses que je voulais vivre pendant ce voyage, c’était la vie dans une tribu. Je savais qu’à l’île des pins, ils vivent encore en tribu. Je me suis dit que c’était une opportunité à ne pas rater pour moi. J’ai décidé de marcher l’île et de camper partout pendant mon séjour là – bas, et je me suis dit qu’il était possible de se faire héberger chez les habitants.
A l’aéroport, une personne locale m’a pris en chemin et m’a indiqué un endroit sur une plage où je pouvais camper. Et il m’a dit aussi que là – bas, il y a une famille qui pouvait m’héberger. Par contre, quand je suis arrivée à la plage, il n’y avait personne. J’ai continué à marcher et j’ai rencontré un groupe de femmes, une mère et ses 3 filles. Elles m’ont invité à installer ma tente sur leur terrain, et à partir de ce moment- là, tout s’est passé comme dans un rêve. Chaque nuit pendant 5 nuits, je n’arrivais pas à dormir, je ne croyais pas ce que j’étais en train de vivre.
Toute la famille m’a traité comme si j’étais l’un des leurs, et m’ont inclus dans leurs activités quotidiennes : chasse, visite dans leur village et tribu, marcher d’un coin à l’autre de l’île pour faire la livraison des escargots à leurs clients (en fait, chacune des 8 tribus vivant sur l’île avait une spécialité. La spécialité des Koitche, c’était la chasse aux escargots de la forêt, qu’ils vendent ensuite aux grands hôtels de l’île. Ces escargots ne sortent pas de l’île des pins, ceux qui veulent manger des escargots en Nouvelle Calédonie doivent aller sur l’île des pins). De chez les Koitche, je suis allée chez leurs cousins qui vivaient dans une autre tribu.
La générosité, la simplicité de la vie, la joie de vivre qui existaient chez ces gens étaient très marquante pour moi. D’ailleurs, c’était la 1ère fois de ma vie que je pleurais en quittant un endroit. J’étais complètement bouleversée par l’expérience, et j’étais comme transportée dans une autre époque, comme dans les films que j’ai vus ou comme dans les livres que j’ai lus. Aujourd’hui, je considérais les Koitche comme une seconde famille.
A certains moments pendant ces 8 derniers mois, des autochtones ont pris soin de moi et m’ont protégé, comme j’étais une femme qui voyageait seule. Comme quoi, ils prenaient des responsabilités envers moi. Et ça me fait parfois rire quand les gens me demandent si je n’ai pas peur de voyager toute seule.
La pire expérience vécue ?
Singapour. Ma 1ère nuit à Singapour, je n’ai pas fait de réservation, mais je me suis dit que comme partout en Asie, ce n’était pas un problème. Le plus important, c’était que j’avais une adresse d’hôtels ou autres types d’hébergement. J’avais l’adresse d’une auberge, et suis allée à l’établissement. La femme en charge me facture beaucoup plus que ce qui est mentionné sur Internet, mais je n’avais pas le choix, il était déjà 8h du soir, j’étais fatiguée et je risquais de ne pas trouver un autre endroit. J’ai pris un lit dans un dortoir de 6 lits, personne n’était encore dans la chambre. J’ai pris ma douche, me suis installée, après je suis allée dîner.
Je suis retournée à l’auberge vers 11h30 du soir. Je suis entrée dans le dortoir et je me retrouvais avec au moins 5 mecs chinois. Ils étaient en fait en famille, ils se sont séparés dans 2 chambres, et moi je me retrouvais dans la chambre des hommes. Bon, je m’efforçais de me calmer, je demandais à la dame qui gérait l’hôtel. Elle me répond tout simplement et sans hésitation, qu’il n’y avait pas d’autres lits et que c’était le seul disponible ; soit je le prenais, soit je cherchais ailleurs.
J’ai senti qu’elle se foutait de ma gueule. Normalement, elle aurait dû m’informer à l’avance, et non pas à cette heure tardive du soir, mais tout ce qu’elle trouvait à me dire, c’est si ça ne me plaisait pas, elle me remboursait et je n’ai pas à rester dans son auberge. Effectivement, j’ai fait mon sac et me suis dit que j’irais à l’aéroport pour passer la nuit. J’allais à la station de métro, et il s’est avéré que le dernier métro pour l’aéroport était déjà parti. Je ne savais plus quoi faire. Complètement perdue, je ne savais plus quoi faire.
Un vieux monsieur qui travaillait à la station vint me demander ce qui m’arrivait, et je lui racontai mon histoire. 30mn après, sa femme qui venait le chercher après le travail me propose de passer la nuit chez eux, et j’étais sauvée pour la nuit. Je me suis aussi fait des amis pour la vie.
Et que compte tu faire une fois tu auras réalisé ce dont tu rêves ?
Une fois que j’aurai réalisé mes rêves? Je pense que si on me donne une vie supplémentaire, cela ne me suffirait pas à réaliser tout ce dont je rêve.
Le jour où j’arrêterai de rêver, je ne ferai plus partie de cette vie. Ce sont mes rêves qui me font vivre. Comme le dit Antoine de Saint-Exupéry “Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité.”
Pour suivre tes aventures ?
Facebook : https://www.facebook.com/WanderTheWorldsWonder